Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Véronique Olmi : Une séparation

Une séparation de Véronique Olmi  4/5 (15-10-2013)

 

Une séparation (71 pages) est paru le 2 octobre 2013 aux Editions Albin Michel.

 

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L’histoire (éditeur) :

 

Une femme envoie à l’homme avec qui elle vit une lettre de rupture. Elle rompt parce qu’elle s’ennuie avec lui et que l’ennui, c’est la trahison de l’amour. Lui ne comprend pas, ne veut pas de cette séparation, lui dit qu’il l’aime et qu’il l’attend.  S’ensuivent des mots courts, des lettres plus longues, elle lui annonce qu’elle a entamé une relation avec un homme qui ne lui ressemble pas. Il persiste à lui dire qu’il l’aime, elle prend goût à lui répondre...

 

Mon avis :

 

Aussitôt arrivé à la maison, aussitôt lu. Et oui, du théâtre dans cette rentrée littéraire ce n’est pas courant et ça doit bien faire 16 ou 17 ans que je n’en ai pas lu. Alors quand il s’agit d’une auteure dont j’entends le plus grand bien, il n’était pas question de laisser traîner le livre sur l’étagère (même si cette étagère est celle des lectures prioritaires) de la bibliothèque !

 

Paul et Marie forment un couple en phase descendante, en plein érosion, au bord de la rupture, tout simplement. Marie commence sa journée (de passage à l’heure d’été) pour envoyer une missive à Paul annonçant leur rupture.

« Cela va vite, une séparation. Il suffit d’un mot pour défaire des mois, des années d’amour, c’est comme dynamiter sa maison, on craque une allumette et tout s’effondre. Etrange que ce soit si simple de se quitter. Etrange qu’il n’y ait de procédure que pour les gens mariés. Pour nous eux, une lettre et c’est déjà beaucoup. Un coup de fil, un mail, un silence auraient suffi. Notre séparation…Un peu de vent à la surface du sable. Un volet qui claque. Un rêve qui meurt. Trois fois rien. C’est fini. » Page 12

A réception, Paul a bien du mal à comprendre…Il n’est d’ailleurs pas d’accord et en compte pas en rester là.

« Paul : (…) tu te sépares de moi, cela te regarde, cela est ta séparation, pas la nôtre. Je reste là. Je t’attends. Et j’ai tout mon temps. 

Marie : (…) c’est une séparation qui vient de notre désœuvrement, cette distraction meurtrière qui a été la nôtre. Nous n’avons pas pris soin de notre amour. Tu es un assassin. Je suis un assassin. » Page 15

 

Marie et Paul sont coupables d’avoir fait naître et laisser s'installer la banalité dans leur relation. L’amour des premiers jours et des premières années (impulsif, exubérant, passionné) à fait place à un amour routinier  « sans feu ni étincelle » que Marie ne supporte plus. Elle exècre l’ennui qui les a gagné (« Comment avons-nous pu passer si vite de l’émerveillement à la léthargie, je l’ignore. »), le manque d’intérêt et l’indifférence (« Parce qu’entre moi et une autre je ne voyais pas la différence. »).  Elle a beau aller voir ailleurs et lui peut bien se consoler dans son écharpe qui garde le parfum de celle qu’il aime, sont-ils vraiment prêts pour une séparation ? Car l’amour quoi qu’il advienne reste l’amour, non…

 « J’ai besoin de ton odeur parce qu’elle était la couleur de mon quotidien, elle était chaude et me rassurait, et moins je la comprenais plus je la reconnaissais, mais le plus terrible il faut que tu le saches, c’est que sans toi ce parfum n’existe plus. » Page 31

Dans cette correspondance, ils tentent de justifier, d’expliquer, de comprendre cette séparation et peut-être de reconstruire. Car cette rupture est finalement le début d’une attendrissante correspondance qui va rapprocher plus que séparer ce couple et peut-être finir par réveiller leur amour.

 

J’ai beaucoup aimé ce très court texte épistolaire tout en simplicité fait d’amour et de reproches. Son sujet universel et très ordinaire parle à chacun et  Véronique Olmi ne sombre à aucun moment dans le cliché. Sur 70 pages, elle parle simplement d’un thème fort (d’une rupture mais plus généralement du couple) d’une manière touchante et fort jolie. Quelques passages font sourire, d’autre réfléchir à sa propre perception de la relation amoureuse et le tout est très justement dosé.  

Parce que cette pièce ne présente que deux personnages, il y a une cadence particulièrement vive et rythmée qui s’installe tout de suite. Les échanges ressemblent à  un jeu de ping-pong, parfois ponctués de silences (meublés par une musique) comme des reproches ou des blessures (ou parfois liés aux défaillances de la poste…) qui apportent de l’intensité aux mots et aux multiples émotions.

 

En bref : des retrouvailles agréables avec le théâtre et une très belle rencontre avec la plume de Véronique Olmi.

 

Pour info : la pièce est jouée à partir du 13 octobre 2013 au théâtre des Mathurins (paris 8ème), avec véronique Olmi et Jean-Philippe Puymartin.


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19/10/2013
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