Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Mathias Malzieu : Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi

Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi  de Mathias Malzieu  3/5 (29-12-2013)

 

Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi  (169 pages) est paru le 2 mars 2005 aux Editions Flammarion, le 23 octobre 2006 en format poche chez J'ai lu (collection nouvelle génération) et a été réédité le 14 mars 2012 dans la collection Tribal des Editions Flammarion (207 pages).

 

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L’histoire (éditeur) :

 

" Comment on va faire maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi ? Qu'est-ce que ça veut dire la vie sans toi ? Qu'est-ce qui se passe pour toi là ? Du rien? Du vide ? De la nuit, des choses de ciel, du réconfort ? " Mathias, une trentaine d'années mais une âme d'enfant, vient de perdre sa mère. Sans le géant qu'il rencontre sur le parking de l'hôpital, que serait-il devenu ? Giant Jack, 4,50 m, " docteur en ombrologie ", soigne les gens atteints de deuil. Il donne à son protégé une ombre, des livres, la capacité de vivre encore et rêver malgré la douleur... Il le fera grandir.

 

Mon avis :

 

Troisième roman de Mathias Malzieu que je lis et toujours autant surprise par la plume imagée et poétique de l’auteur, chanteur du groupe de rock français Dionysos. Présenté comme un conte, Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi est avant tout un texte très personnel présentant les états d’âme de l’auteur- narrateur face à la mort.

 

Elle est morte, c’est fini ont dit les infirmières. Elle, c’est la mère de Mathias Malzieu. Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi, c’est le vide qui submerge l’homme.

 « Je suis mécaniquement vivant, puisque mes doigts bougent et que mes yeux clignent. Mais je suis rempli de vide. Comme si j’avais bu la tasse, qu’elle s’était fracassée dans ma gorge et tordait tous les points sensibles de mon corps en épargnant les organes vitaux, histoire que je reste là. (…) Et Lisa et papa qui doivent aller ouvrir le placard de ta chambre pour te choisir ton dernier habit ! Le parfum de lessive va venir caresser leurs narines quand ils vont remuer le tissu. C’est le début des caresses coupantes, celles qui se plantent dans les vieux souvenirs. »  Page 19 de la version poche

Et pourtant il faut se comporter « en gens vivants », malgré les questions liées à l’absence, à l’après et malgré cette irrépressible envie de revenir en arrière ou de commettre l’impensable. Pour l’aider à passer le cap, il rencontre Jack, le géant de 130 ans, mesurant entre 4 mètres et 4 mètres  50, avec une scoliose (comme tous les géants), un physique à la Robert Mitchum, une voix à la chanteur des Platters et un cœur en mille morceaux. Jack n’est pas n’importe quel géant, il est docteur en ombrologie (médecine des ombres qui soignent les gens atteints de deuil en leur administrant un peu de son ombre comme cataplasme pour le cœur) et distribue des ombres à ceux qui ont besoin de grandir quand le poids des choses est bien trop lourd à porter. Mais attention, ce traitement ne marche pas à tous les coups. Il faut vouloir s’en sortir et travailler aussi à combattre le chagrin. Ce qui n’est pas gagné car vient très vite le temps des préparatifs pour l’enterrement, l’église, le cimetière…toutes ces festivités ou logistiques de la mort douloureuses, laborieuses et obligatoires. Il faut que la vie suive son cours parce qu’il y a les autres (Mathilde et Charlotte entre autres) et, même si l’envie est grande de retrouver le pays des morts,  la vie continue tout simplement.

 

Même s’il reste aussi bien écrit,  Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi m’a moins charmée que mes deux précédentes lectures ( Le plus petit baiser jamais recensé et La mécanique du cœur).  Cette plume particulière, imagée à souhait et tellement délectable métamorphose les mots en poésie. Alors si j’ai moins apprécié ce texte pourtant émouvant, je pense que c’est parce que je me suis habituée aux histoires d’amour de l’auteur et que le sujet abordé ici ne collait du coup plus à mes attentes. Loin d’être une déception, l’univers fantastique et l’écriture de Mathias Malzieu restent un réel plaisir, mais sont ici plus graves et plus sombres. Personnel, le texte est du coup chargé en émotion, mais garde tout de même une certaine pudeur. On sent combien la détresse et la tristesse de l’auteur sont grandes. L’intervention du fantastique  (avec   la présence de Giant Jack) lui permet de faire son deuil et nous présente son mal être de façon onirique, parfois tout de même avec aussi une bonne dose de colère, juste et légitime.

 

« Le but du jeu pour moi, c’est de rester vivant malgré la mort. Avant j’étais un peu romantique avec tout ça, mais maintenant, c’est qu’une sale conne ! Maintenant que je vais au cimetière avec papa, je suis rectifié à ce niveau-là. » Page 83

 «  Chacun va se coucher avec des lames perdues enfoncées dans le crane. Elles font mal comme es coups de soleil sur les yeux. Elles diffusent deux produits très toxiques pour la bande de cœur troués qui se baladent dans cette maison : d’abord du vide visible et ensuite des souvenirs de vie de toi ici. Les deux cumulés, ça arrachent la gueule.

L’ombre de la porte de ta chambre a encore poussé. Elle envahit tout le couloir, on est presque obligé de se baisser lorsqu’on veut aller aux toilettes. Si on ne se baisse pas, on se prend l’ombre en pleine poire, ça serre la gorge un bon coup et on repart le souffle court. » Page 40

 

Merci encore Mya pour ce beau cadeau !

 

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31/12/2013
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