Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Karine Giebel : Meurtres pour rédemption

Meurtres pour rédemption de  Karine Giebel   4/5 (07-10-2013)

 

Meurtres pour rédemption est paru le 13 juin 2006 chez La Vie du Rail éditions (collection Rail Noir), puis réédité le 26 août 2010 chez fleuve Noir (767 pages) et enfin sorti en version poche chez Pocket (988 pages) le 8 mars 2012.

 

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L’histoire (éditeur) :

 

Marianne, vingt ans. Les barreaux comme seul horizon. Perpétuité pour cette meurtrière. 
Indomptable, incontrôlable, Marianne se dresse contre la haine, la brutalité et les humiliations quotidiennes. 
Aucun espoir de fuir cet enfer, ou seulement en rêve, grâce à la drogue, aux livres, au roulis des trains qui emporte l’esprit au-delà des grilles. Grâce à l’amitié et à la passion qui portent la lumière au cœur des ténèbres. 
Pourtant, un jour, une porte s’ouvre. Une chance de liberté. 
Mais le prix à payer est terrifiant pour Marianne qui n’aspire qu’à la rédemption...

 

Mon avis :

 

Quand vous avez sur la couverture d’un livre la citation de Gérard Collard disant « un choc comme je n’en ai jamais eu », vous savez d’avance que c’est une lecture que vous n’oublierez pas de sitôt. Quand on plus, il s’agit d’un livre de Karine Giebel, là vous vous doutez que vous allez vous prendre un vague de violence en pleine tête. OMG, mais comment une femme (qui a l’air si charmante en plus) peut-elle écrire ce genre de livre ? Là, je me re-pose la question (interrogations qui me trottaient déjà dans la tête pendant la lecture de Purgatoire des Innocents). Vous dire que c’est un « concentré » de violence n’est pas vraiment exacte puisque le livre fait près de 1000 pages, mais tout de même on n’est pas loin de ça, pare que Madame Giebel a encore une fois mis le paquet !

 

L’histoire est celle de Marianne, que l’on découvre dans sa cellule. C’est parti pour une plongée réaliste et impitoyable dans le monde carcéral. Marianne de Gréville est une très jeune femme (tout juste 21 ans) qui a été condamné à perpétuité pour deux meurtres (entre autres). Après avoir passé deux ans dans un établissement pénitencier classique, elle est transférée en centrale où des mesures d’isolement sont prises suite au meurtre d’une matonne. Son quotidien, en dehors de son heure de sortie : solitude, menottes, privation, solitude, gamelle infâme, humiliation, solitude, quelques coups par ci par là (et plus si affinité), le cachot…que du bonheur quoi !

Etonnement je me suis attaché à cette rebelle. Sa violence m’a souvent fait peur, mais ses récurrentes remises en question m’ont donné à penser qu’elle n’était pas si mauvaise que ça. Vu le nombre de faits abjects qu’elle commet, j’ai presque honte d’avoir  ressenti de l’affection pour cette détenue. Karine Giebel arrive à merveille à jouer sur les sentiments en la présentant tour à tour comme un monstre (capable de tuer à main nue) et comme une victime. La vie est loin d’être rose en prison en temps normal, mais c’est carrément l’horreur  pour une prisonnière qui n’a ni famille, ni argent (ni même le droit de bosser pour quelques euros et quelque plaisirs : cigarette, conserves, drogue…), qui est à la merci des matons (dont les corrections sont loin de ce que vous pouvez imaginer, croyez-moi !) et parfois aussi des autres détenues. Cet univers est d’une violence incroyable (physique, mentale…rien n’est laissé de côté) et les 500 premières pages centrées sur  la prison sont presque indigestes tellement on monte haut dans la cruauté. L’auteure n’épargne aucunement le lecteur et lui offre tous les détails.

 

On apprend à connaitre Marianne qui au détour d’un rêve, d’un livre (L’église verte d’Hervé Bazin) ou d’une évasion chimérique (« offertes » par Daniel Bachmann, le chef du quartier des femmes) se livre sur sa vie passée. Peu de choses viennent éclairer le personnage, quelques événements seulement mais qui permettent de  s’en faire une idée et qui soulève autant de dégoût que de compassion. On assiste également à des relations d’amitié avec d’autre détenues et avec Justine, une des gardiennes (une des rares à être encore habitée d’humanisme) qui apportent un peu d’apaisement à ce volcan de colère. Et puis un jour, elle reçoit une visite…une visite qui va changer à jamais son destin.

 

Meurtres pour rédemption est un gros bouquin qui se lit assez bien, presque vite d’ailleurs. Il ne souffre pas de longueur dans son ensemble (même si les violences répétées peuvent lasser), car de nouveaux évènement viennent relancer l’intrigue et porter un œil nouveaux aux personnages. L’écriture est agréable, percutante et presque poétiques parfois (en contraste total avec certains termes vraiment crus). Karine Giebel a un vrai talent pour instaurer une atmosphère particulièrement pesante et réaliste (encore une fois la séquestration et la privation tiennent une place importante). La tension ne quitte jamais le lecteur qui se retrouve enfermé comme Marianne, à côtoyer les mêmes misères. On a envie de voir Marianne s’en sortir (et d’en sortir aussi). Quand la seconde partie (séparation implicite) arrive, on entre alors dans un nouveau sujet tout aussi tendu mais encore plus palpitant. On y retrouve au peu de l’ambiance à la Nikita, avec un deal pour la liberté. J’ai trouvé ça vraiment sympa d’imaginer une vie meilleure pour cette jeune paumée en manque d’amour. La vraie Marianne se libère peu à peu et l’histoire prend alors un nouveau souffle avant d’être de nouveau percuté une énième fois de plein fouet !

 

Au final, ai-je aimé ? Bonne question…je dois avouer que Karine Giebel  a un don pour retenir le lecteur malgré la rudesse de ces mots et des situations qu’elle décrit avec minutie. Il faut avoir le cœur bien accroché pour endurer autant de sadisme et d’inhumanité…parce que ces pages vous prennent aux tripes ! Alors vous dire que j’ai passé un bon moment serait franchement malvenu. Néanmoins, une fois mon envie de vomir à chaque passage à tabac ravalé, j’ai trouvé ce roman bouleversant. Plus fort qu’une claque, une vraie beigne dans la tronche !

 

En deux mot : Meurtres pour rédemption est un roman noir où la sensibilité côtoie la cruauté, à ne surtout pas mettre entre toutes les mains.

 

Lecture partagée avec Nanet de chez Les mots de Nanet. Et merci à Barbara pour ce cadeau qui je laissais trainer dans ma pal depuis plus de 18 mois…

 



09/10/2013
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