Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Marie-Aude Murail : Oh, boy !

Oh, boy ! de Marie-Aude Murail   5/5 (31-07-2013)

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Oh, boy ! (207 pages) est sorti le 18 mars 2000 dans la collection Médium de L'Ecole des loisirs.

 

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L’histoire (éditeur) :

 

Siméon, Morgane et Venise Morlevent se découvrent un matin sans parents. Qui va les adopter ? 
Josiane, leur antipathique demi-soeur, ou leur demi-frère Bart, qui change de petit copain tous les jours et qu’ils adorent ? Le pire, c’est que Bart et Josiane se détestent...
Une histoire remarquablement ficelée, une ribambelle de personnages attachants qui ont un sens aigu de la répartie, un discours intelligent et une très appréciable ouverture d’esprit : voilà précisément ce qui rend ce livre irrésistible.

  

Mon avis :

 

Oh, Boy ! un drôle de titre avec une étrange couverture faite de poupée Barbie posant à poil sur le rebord d’une baignoire…Peu engageant tout ça ? Peut-être mais le nom de Marie-Aude Murail relève sans aucun doute les a priori. Valeur sûre de la littérature jeunesse, M-A Murail confirme avec ce roman sa performance à mettre en avant des thèmes dramatiques de façons drôle, touchante et pleine d’amour.

 

Oh, Boy ! est en fait une expression fétiche de Barthélemy Morlevent, un jeune homme farfelu de 26 ans qui se voit attribuer la charge de 3 orphelins. Dépassé par les événements mais vaillant, il va faire face à une nouvelle situation plus que bouleversante : l’arrivée de ses trois demi-frère et sœurs avec tous les problèmes et les bonheurs qui vont en découler. Siméon 14 ans (le surdoué), Morgane 8 ans (la discrète intelligente) et Venise 5 ans (la beauté aux yeux pervenche, fan de Barbie) se retrouvent seuls, venant de perdre leur maman, suicidée au liquide vaisselle (leur père ayant déjà déserté le domicile familiale un an plus tôt). Ils sont alors mis entre les mains de Laurence Deschamps (juge des tutelles), Bénédicte Horeau (assistance sociale), Aimé (une voisine), Josiane (l’ophtalmologue qui a tant envie d’une petite fille) et Barthélemy. Ce dernier est truculent et réellement sympathique. C’est un frère peu délicat et immature mais d’une profonde gentillesse, un gars simple, un peu chochotte (qui s’évanouie à la première goutte de sang) et maladroit qui fera tout pour le bonheur des enfants Mourlevent, qui ne semblait pas gagné…

 

Nous voilà donc propulsés dans une histoire bien dramatique en premier lieu.

« Depuis la veille, ils étaient des enfants-qui-n’ont-pas –de-parents. Venise l’admettait parfaitement. Les gens n’avaient pas de raison de lui mentir. En même temps, ça n’avait aucun sens. Maman était peut être morte, mais elle devrait la conduire à la danse, lundi, parce que la dame du cours de danse, elle n’aime pas qu’on manque. » Page 12

Heureusement  les personnages se révèlent vite attachants, aux traits de caractères poussés (au parfois ridicule même). On se marre bien volontiers avec les dialogues respectifs, car entre les paroles de Bart, de Siméon et les mots de Venise c’est un florilège de répliques réalistes et cocasses. Le récit dans son ensemble (qu’il s’agisse de l’intrigue ou des dialogues) est d’une grande justesse et très réaliste. C’est d’ailleurs étonnant tant les situations sont parfois décrites dans leur extrême, et pourtant ça tient bien la route et n’est pas si caricatural que ça.

« Les trois au complet, la blondinette qui allait lui faire des bisous dans le cou, la tristoune avec ses oreilles à lui mettre la honte dans tout le quartier et le maigrichon qui avait toujours l’air de passer aux rayons X. un bonheur. » page 44

 

« C’est quoi, un pédésexuel ?

Morgane n’était pas trop sûre de connaître le mot.

_ Tu demanderas à Siméon.

Au petit déjeuner, Venise fit un rapport détaillé de son week-en à son grand frère. (…)

_ C’est quoi, alors, un pédésexuel ? demanda-t-elle tout bas.

Siméon hésita inhabituellement. Puis se décida.

_ C’est un garçon qui porte des boucles d’oreille.

Une déduction s’imposa à l’esprit clairvoyant de Venise.

_ Et bien, dit-elle, Josiane n’aime pas les boucs d’oreille. » Page 69

 

Marie-Aude Murail a un vrai talent pour écrire des histoires pleines d’émotion, de finesse et d’humour.  Les jeunes lecteurs (tout comme les autres plus vieux comme moi) apprécieront la fraîcheur de l’écriture et les jeunes personnages hyper touchants. De plus, je tiens absolument à mettre en avant l’utilité de cette lecture (comme les autres romans de l’auteure) car elle met en avant de nombreux thèmes sur lesquels les enfants peuvent souvent s’interroger : le suicide, la violence conjugale, la mort, l’abandon  l’adoption, la famille recomposée, l’homosexualité, la maladie... Thème tabous, difficiles et délicats qui donnent  à Oh, Boy ! beaucoup de sensibilité. Mais à côté, l’auteure  y dépose sa dose de fraternité, d’amour et d’humour apportant de la légèreté à l’histoire  dont on ne peut qu’en ressortir sous le charme. Bref, tous y est évoqué simplement et chaleureusement, permettant ainsi  de dédramatiser certains sujets et de lancer le dialogue.

« Ce matin-là, malgré le nouveau malheur qui le frappait, le garçon était content. D’être assis sur une baquette de voiture à côté de son frère aîné, il était content. Seul le malheur avait pu soudainement les rapprocher. Y a-t-il un destin, une providence, un Dieu, quelque chose ou quelqu’un qui croise les fils de nos vies ? » page 98

 

Oh, Boy ! est un roman que j’ai vraiment apprécié. Un roman où le désespéré laisse la place à l’espoir et au bonheur et où la cohésion fraternelle fait plaisir à voir ! Un excellent moment tout simplement qui émeut autant qu’il fait sourire. Un délice à mettre entre toutes les mains.

 

 

A noter : ce livre a obtenu le "Prix Jeunesse France Télévision 2000" (décerné par un public de lecteurs de 11 à 14 ans), le "Prix Tam-Tam Je Bouquine" 2000, le "Prix Pot de Bille" de Montbéliard 2000, le "Prix Sésame" (décerné par la ville de Saint-Paul-Trois-Châteaux), le prix "Julie des lectrices" (décerné par les lectrices du magazine Julie-Milan presse), le "Prix Ados" (de la ville de Rennes 2001), le Prix "Livrentêtes" 2001 et le "Prix Farniente" 2001 (Belgique).

L'adaptation théâtrale de Oh, boy !  par Olivier Letellier, a reçu le Molière du spectacle jeune public 2010. Le roman a aussi fait l'objet d'une adaptation  ciné.

 

Vous pouvez retrouver l'avis de Ingrid, Clédesol, Lizouzou, C'era una volta et Chloé, que je remercie pour cette lecture commune.



31/07/2013
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