Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Joyce Carol Oates : Petit oiseau du ciel

Petit oiseau du ciel de Joyce Carol Oates    2,5/5 (16-06-2013)

  

Petit oiseau du ciel  (538 pages) est paru 4 octobre 2012 chez l’éditeur Philippe Rey.

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L’histoire (éditeur) :

 

Quand Zoe Kruller, jolie serveuse se rêvant star de country, est découverte brutalement assassinée dans son lit, la police de Sparta vise aussitôt deux suspects : Delray, le mari dont Zoe est séparée, et Eddy Diehl, l'amant de longue date. Mais, sans preuve, l'enquête piétine. Les rumeurs s'amplifient, ravageant au passage l'existence des deux hommes et imprimant un cours étrange à celle de leurs enfants.
Aaron Kruller et Krista Diehl, adolescents sacrifiés à l'histoire familiale, chacun persuadé que le père de l'autre est l'assassin, conçoivent peu à peu une redoutable obsession réciproque. Étrange lien que l'éloignement et les années n'entameront en rien. Aussi, lorsque longtemps après le drame ils se rencontrent de nouveau, ils semblent prêts à exorciser les fantômes du passé, à se réconcilier avec leur lourd héritage.

 

Mon avis :

 

Dans Petit oiseau du ciel, Joyce Carole Oates entraîne le lecteur à Sparta (ville fictive de l’État de New York), dans une Amérique de la classe moyenne inférieure, où la drogue, la sexualité  et la violence tiennent une place majeure (comme dans souvent dans ses bouquins !). Dans cette petite ville où tout le monde se connait, deux hommes sont suspectés du meurtre de Zoé Kruller : son amant et son mari (dont elle était séparée). Krista, la fille du premier (11 ans à l’époque des faits) revient sur les soupçons et les conséquences sur leur vie familiale, tandis qu’Aaron le fils du second, analyse les suspicions et les doutes quant à  l’innocence de son père. L’auteure dessine avec précision les lieux et l’époque (où rien ne semble réalisable) et met le doigt sur une Amérique décadende avec des familles divisées, aux enfants marqués par le poids des origines (ethnique ou familiales).

 

« A Sparta à cette époque, quel que soit votre âge, à moins d’être vraiment très jeune, vous pensiez généralement que, si Delray Kruller n’avait pas assassiné sa femme « dans un accès de jalousie meurtrière », c’était Eddy Diehl qui l’avait fait,  à peu près pour les même raisons. Il y avait d’autres « témoins importants », des « suspects », des « pistes », mais fondamentalement c’était Kruller ou c’était Diehl. Comme pour les équipes sportives, les gens choisissaient leur camp. » Page 213

 «  Il se disait que sept ans après le meurtre de Zoé –sept ans !- sa mère était toujours coupable. Quoi qu’il arrive dans leur vie désormais : la conséquence de ce que Zoé avait commencé. Pari pour la suivre en enfer. » Page 317

« Krull avait vu sa mère morte, et il l’avait sentie. Sa jolie mère, sauf qu’elle n’était plus. C’était la récompense de Zoé. C’était la punition de Zoé. » Page 429

 

L’idée d’utiliser un thème policier pour tenir le lecteur en haleine (rappelant Petite sœur, mon amour) est ingénieux. La question de la culpabilité est bien présente et tient le lecteur accroché. Mais peu à peu, c’est plus la ramification autour des conséquences du meurtre qui font vivre le livre, et connaître le véritable coupable devient secondaire. Attaché à Krista et Aaron, on cherche avant tout à savoir ce qu’ils adviennent, comment ils s’en sortent et s’en relèvent. A ce titre, l’épilogue n’est finalement plus à la hauteur de nos attentes. Petit oiseau du ciel devient un récit obsessionnel où chacun des protagonistes (témoins et victimes tourmentées de la tragédie) veut croire en l’innocence de son père. Le meurtre de zoé n’est qu’un prétexte à une analyse de la société et de ses travers : trahison, adultère, drogue, sexe, désir…

 

 « La trahison est ce qui fait mal. La trahison est la blessure la plus profonde. La trahison est ce qui reste de l’amour, quand l’amour a disparu. » Page 20

 

Joyce Carol Oates a un vrai talent pour entrer dans la tête de ses personnages, c’est certain mais ça ne fait pas tout.  Elle montre le cheminement dans la perception de la situation à travers le point de vue de deux enfants (ou ado), et autopsie leurs comportements et leurs pensées. Petit Oiseau du ciel rapporte comment une présomption de culpabilité peut ronger des hommes et dissoudre la famille autour. En choisissant l’introspection, elle capte d’avantage les émotions, le besoin d’amour, et la fascination (mêlant cruauté et désirs). Tout est disséqué avec une grande précision. Cette particularité est aussi appréciable que discutable tant le livre devient long et ennuyeux ! Les informations sont distillées avec trop de parcimonie. On progresse finalement bien plus dans la tête de Krista et d’Aaron que dans histoire en elle-même, qui se déploie lentement sous nos yeux à mesure que l’on s’enfonce dans l’esprit de ces deux anti-héros.

 

Au final, ce nouveau Joyce Carol Oates ne sera pas mon préféré. J’ai trouvé que la narration était trop longue (et parfois indigeste), trop mélodramatique, brutale, fouillée…pour finalement un intrigue où il ne se passe pas grand-chose. Ce qui m’a d’abord fascinée, m’a progressivement fatiguée et déprimée. Les monologues intérieurs de Krista Diehl (exploration profonde voir abyssale de ses états d’âme et sentiments) auront eu raison de ma patience.

 

 

Mon avis sur :

Petite soeur, mon amour 

Etouffements 

 

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26/06/2013
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