Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Amélie Nothomb : La nostalgie heureuse

La nostalgie heureuse d’Amélie Nothomb  4,5/5 (04-11-2013)

 

La nostalgie heureuse  (162 pages) est paru le 21 août 2013 chez Albin Michel.

 

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L’histoire (éditeur) :

 

"Tout ce que l'on aime devient une fiction"

 

Mon avis :

 

Un nouveau livres chaque année…voilà de quoi laisser perplexe sur la qualité des ouvrages et à s’interroger sur leur contenu. C’est qu’il faut une bonne dise d’imagination pour assurer autant de rigueur dans la régularité des publications. Amélie Nothomb n’en manque pas c’est certain. Elle a également la facilité de pouvoir parler souvent d’elle et de sa vie avec distraction, ce qui multiplie les sujets de ses écrits. Et la qualité ? J’ai entendu et lu pas mal de reproches ces dernières années sur ses romans, comme si une certaine lassitude s’était installée chez certains lecteurs. Qu’en est-il de La Nostalgie heureuse ? C’est une belle surprise qui permettra sans doute à ces derniers lecteurs de renouer avec cette auteure belge si prolifique.

 

Je n’ai pas encore visionné le documentaire TV dont il est question dans ce livre, et mes seules impressions et ressentis n’ont trait qu’aux mots d’Amélie Nothomb. Ces mots m’ont paru moins fantasques (à part peut pour quelques-uns tels que ordalie ou consibstentiel, pour lesquels le dictionnaire a été de rigueur). J’ai éprouvé un vrai et grand plaisir à lire ce récit de voyage. Amélie Nothomb revient 16 ans après sur les terres de son enfance, le Japon : Kyoto, Tokyo, Fukushima, Harajuku, visite de son école maternelle  (un des rares bâtiments à n’avoir pas été détruit par le séisme de Kobe en 1995). Elle renoue avec ceux qui ont tenu une place importante dans son passé. On fait la rencontre (bouleversante) de sa nourrice Nishio-San (dont la dernière visite remonte à 1989) et de son fiance d’il y a 20 ans, Rinri (une rencontre pleine de maladresses qui font sourire).

 

«  Je regarde vers les montagnes, qui de mon temps étaient désertes et mystérieuses. Des immeubles résidentiels les mangent bouchée par bouchée. Je sais que le petit lac vert, dont mes yeux repèrent l’emplacement à mi-hauteur de ce versant, est devenu un parking. Cette nécrologie pourrait durer longtemps, j’ai l’instinct de l’arrêter.

« Impose-toi l’exercice opposé, me dis-je. Qu’est ce qui a survécu ? » Il me semble qu’il règne la même sorte de silence, entrecoupé d’aboiements de chiens dénués d’agressivité. L’air n’a pas changé non plus, je reconnais sa manière de caresser les joues. » Page 48

 

« Je pleure comme j’aurais voulu pleurer à l’âge de cinq ans, quand on m’avait arrachée à ses bras. Il est rare d’éprouver quelque chose d’aussi fort. J’incline la tête vers  celle de cette femme si importante et c’est alors que l’innommable a lieu : à cause des sanglots, le contenu de mon nez coule sur le crâne de ma mère sacrée. Epouvantée à l’idée qu’elle s’en soit aperçue, je lui caresse les cheveux du plat de la main. Au Japon, un geste si intime est d’une grossièreté folle, mais Nishio-san l’accepte parce qu’elle m’aime.

C’est une loi immuable de l’univers : s’il nous est donné de ressentir une émotion forte et noble, un incident grotesque vient aussitôt la gâcher. » Page 54

 

La nostalgie heureuse est peut être un de ses romans les plus personnels (et où la fiction n’a pas sa place). C’est un livre touchant par sa sincérité et qui ne manque pas d’humour, livré toutefois avec parcimonie (l’anecdote des prénoms liée au récit de sa traductrice japonaise, ancienne hôtesse de l’air, est assez cocasse), et quelques touches de dérision.

Donc, loin de ses précédents titres plus loufoques, La nostalgie heureuse est un bon cru Nothomb. Non pas que ses récit plus barrés ne le soient pas, c’est juste que celui-ci renoue avec ses anciens textes où le Japon est à l’honneur (Stupeur et tremblements, ni d’Eve ni d’Adam). Ce récit a beau être plus intime, il n’en perd pas pour autant le ton piquant dans ses réflexions.

 

«  « Natsukashii » désigne la nostalgie heureuse, répond-elle, l’instant où le beau souvenir revient à la mémoire et l’emplit de douceur. Vos traits et votre voix signifiaient votre chagrin, il s’agissait donc de nostalgie triste, qui n’est pas une notion japonaise. » Page 90

 

En bref : un Nothomb qui m’a surprise par sa sincérité et son coté mélancolique.

 

Quelques images de l’émission Une vie entre deux eaux, diffusée sur France 5 le 19 septembre 2013 ici et ici. Et de la grande librairie (du 5 septembre 2013).

 

    

 



11/11/2013
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